Découvrir des tiers-lieu à la campagne

 

Vous avez envie de partir vivre au vert, mais pas question de rester isolé. Et si la solution, c’était de travailler dans un tiers-lieu à la campagne ? Laou vous explique ce que sont ces lieux hybrides, et vous montre tous les avantages du coworking proche de la nature.
Vous verrez que ces structures ont beaucoup plus à offrir qu’un simple bureau à louer !

Rencontres, événements culturels, cantines, festivals, espaces associatifs, jardinage, bricolage… et intégration dans votre nouveau lieu de vie.

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Un tiers-lieu, c’est quoi ?

Difficile de donner une définition d’un tiers-lieu, même les experts peinent à tomber d’accord ! Il faut dire que chaque structure est unique, souvent hybride. Un tiers-lieu, c’est avant tout une philosophie, des valeurs, une vision commune, un endroit où l’on vient « faire ensemble ». Le mot-clé, c’est le collectif. Avec comme dénominateur commun, un espace de travail, intermédiaire entre le domicile et l’entreprise.

L’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT, organisme gouvernemental) donne la définition suivante :

Les tiers-lieux sont des espaces physiques pour faire ensemble : coworking, micro-folie, campus connecté, atelier partagé, fablab, garage solidaire, social place, makerspace, friche culturelle, maison de services au public…

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Pour l’association France Tiers-lieux, c’est :

un endroit qui hybride des activités pour répondre à un besoin du territoire. Il existe autant de définitions que de tiers-lieux. Espaces de coworking, friches culturelles, fablabs, tiers-lieux nourriciers… ils ont en commun de réunir un collectif citoyen engagé, ouvert et favorisant la coopération.

La coopérative Tiers-lieux de Nouvelle-Aquitaine résume, de manière plus générale :

Les tiers-lieux sont des espaces où le travail se mélange à d’autres aspects de la vie en collectif.

En 2021, l’ANCT recensait 2 500 tiers-lieux en France, contre 1 800 en 2018. Le réseau France Tiers-lieux en compte même plus de 3 500 sur sa cartographie, répartis dans tous les coins de l’hexagone.

Partout en France, des réseaux s’organisent au niveau régional. Ainsi, la coopérative des tiers-lieux de Nouvelle-Aquitaine recense 328 tiers-lieux dans cette région, dont bon nombre se trouvent hors des grandes villes, Bordeaux, Limoges ou Poitiers. Dans le Grand Est, 91 lieux sont labellisés. Et dans les Hauts-de-France, c’est la Compagnie des Tiers-lieux qui coordonne et propose également une cartographie.

Alors, si vous avez décidé de partir vous installer à la campagne pour télétravailler, devenir freelance ou infopreneur, c’est un bon moyen de se lier avec d’autres personnes. Vous trouverez un lieu qui propose des bureaux partagés. Et en prime, vous découvrirez peut-être les joies de fabriquer collectivement dans un fablab, des ateliers artisanaux partagés ou « makerspaces », une librairie ou un café associatif, voire des terres agricoles exploitées par un collectif !

Le Fablab du tiers-lieu L’Établi, à Soustons dans les Landes.

Le Fablab du tiers-lieu L’Établi, à Soustons dans les Landes. Photo : Emmanuelle Mayer.

Les avantages du coworking au vert

Dans un tiers-lieu, on vient travailler, mais pas seulement ! Avant tout, ces espaces mettent en relation des individus dans un but collaboratif.

Pour la vie professionnelle

Dans un espace de coworking, en premier lieu, vous bénéficiez de tous les équipements et le confort nécessaires pour travailler à distance : une connexion internet haut débit, et des équipements bureautiques (imprimante, scanner). L’atmosphère studieuse qui y règne est propice à la concentration. Certains sont également dotés de salles de réunion privatisables ou d’espaces dédiés aux visioconférences.

Et surtout, vous allez développer votre réseau professionnel local. Rencontrer des personnes qui travaillent dans des domaines complémentaires, ou qui peuvent avoir besoin de vos services (et inversement). Une communauté de professionnels basée sur l’entraide et la solidarité. L’émulation créée dans les tiers-lieux est à la fois productive, motivante et agréable.

De plus, il est plus facile de séparer vie professionnelle et vie personnelle en vous installant dans un tiers-lieu. La frontière est plus claire, pour vous et pour les autres habitants de votre foyer, notamment les enfants ! Et vous évitez les distractions comme l’envie de continuer à regarder votre série préférée, travailler votre piano, ou des tâches ménagères comme la lessive à étendre, le jardin…

homme qui télétravaille dans un tiers lieu à la campagne

Travailler dans un tiers-lieu permet de mieux couper entre la vie pro et la vie perso. Photo : Shutterstock.

Pour les relations amicales

Quand on s’installe à la campagne, le meilleur moyen de s’intégrer, c’est de s’impliquer dans la vie locale, notamment la vie associative.

→ Lisez notre article Vivre à la campagne.

En allant travailler dans un tiers-lieu, vous ferez connaissance avec des personnes qui partagent souvent les mêmes valeurs, qui sont elles aussi venues habiter dans cette région que vous avez choisie, ou celles qui ont décidé d’y rester. Dans ces espaces, le lien social n’est pas un vain mot. Les rencontres informelles sont facilitées, lors d’une pause café ou d’un repas partagé convivial.

Pour les événements culturels

La plupart du temps, les tiers-lieux ne sont pas uniquement des espaces de coworking. Ce sont aussi des lieux de diffusion de la culture, des espaces d’échange et de transmission.

trois personnes, un homme et deux femmes, regardent une exposition de photos dans un tiers-lieu.

Souvent, les tiers-lieux organisent des expositions culturelles. Photo : Adobe Stock.

Ainsi, certains abritent une bibliothèque, et tous types d’événements peuvent être organisés :

  • concerts ;
  • expositions ;
  • conférences ;
  • ateliers ;
  • formations ;
  • etc.

Peut-être proposerez-vous des ateliers, en lien avec votre activité professionnelle ou une passion : initiation à la retouche photo, réparation de vélos, couture, jardinage… En effet, dans un tiers-lieu, on est tour à tour apprenant et enseignant.

Pour votre bilan carbone

Par définition, le travail à distance permet d’éviter les déplacements. Moins de transports, donc moins d’émissions de CO2. Les tiers-lieux sont d’ailleurs reconnus pour être des acteurs de la transition écologique. C’est pourquoi les pouvoirs publics, depuis une décennie, encouragent leur implantation partout sur le territoire.

L’écologie se trouve dans la philosophie même de ces espaces qui favorisent le DIY (« faire soi-même »), les réparations, le recours aux ressources locales.

Pour participer à la vitalité de votre nouvelle région

Les tiers-lieux permettent à des télétravailleurs, indépendants, entrepreneurs qui cherchent une meilleure qualité de vie de venir s’installer dans des zones dépeuplées, où les emplois qualifiés sont rares. Ils participent donc à l’attractivité des territoires, et au-delà, à leur habitabilité. En effet, un territoire qui réussit à attirer de nouveaux habitants doit aussi leur donner envie de rester. Le cadre de vie ne suffit pas. Un travail épanouissant, des relations amicales, le sentiment d’appartenir à une communauté, des loisirs culturels… Tout cela est nécessaire pour se sentir bien, et avoir envie de se fixer pour de bon dans un territoire.

Des espaces artistiques

Enfin, certains tiers-lieux sont avant tout des espaces artistiques. C’est le cas de Simone, camp d’entraînement artistique situé en Haute-Marne, dans la communauté de communes des Trois Forêts depuis 2017. Résidences d’artistes, ateliers théâtre, chant, yoga, cuisine, mais aussi marché de producteurs locaux, café associatif… et espace de coworking cohabitent dans cette ancienne usine réhabilitée. À l’instar de bien des tiers-lieux, Simone est multiforme, et mutli-labellisée : Espace de vie sociale (agrément donné par la CAF), Fabrique de Territoire (par l’État, via l’ANCT), Tiers-lieu du Grand Est. La preuve de son engagement pour l’écosystème local.

Combien ça coûte de travailler dans un tiers-lieu à la campagne ?

En général, plusieurs formules sont possibles : location classique au mois, mais aussi à la journée, à la demi-journée ou même à l’heure.

Le baromètre Ubiq Data donne les chiffres suivants pour les loyers dans les espaces de coworking :

  • à Paris, 365 € par mois en moyenne pour un bureau en open space, 710 € par mois pour un bureau individuel fermé ;
  • dans les grandes villes, on passe respectivement à 250 € et 400 € par mois.

À la campagne, c’est beaucoup moins cher. Par exemple, à Eymoutiers, au cœur du Limousin, dans le tout petit tiers-lieu La Cocotière, un bureau fixe dans une pièce partagée avec deux autres personnes coûte 80 € par mois. Et pour une demi-journée, c’est seulement 4 €, café ou thé compris ! Dans les Vosges, au Val d’Ajol, L’Office propose un tarif mensuel de 120 €, un forfait de 10 jours par mois à 70 €, ou une location à la journée pour 10 €.

Damien, Pierrick, Elise et JC devant le tiers-lieu La Cocotière à Eymoutiers.

La Cocotière, petit tiers-lieu rural dans le Limousin. Photo : Emmanuelle Mayer.

Des tiers-lieux d’un nouveau genre

La définition d’un tiers-lieu est en constante évolution et des projets innovants voient le jour régulièrement.

Dans les Ehpad

Ainsi, la CNSA (caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) a lancé un appel à projets pour l’implantation de tiers-lieux dans les Ehpad. Une manière d’ouvrir ces maisons de retraite médicalisées vers l’extérieur, et de créer du lien social avec les voisins, des échanges intergénérationnels. Parmi les lauréats, la Grappe, à Segonzac en Charente, a choisi de proposer un lieu dédié aux activités culturelles, et aussi d’implanter sur place un relais d’assistantes maternelles, un café associatif, et un espace de coworking. Le tout, adossé à l’Ehpad Raby Barboteau, géré par la même association.

À Compreignac, en Haute-Vienne, la commune a même confié à la coopérative Tiers-lieux une étude de besoins en amont de la construction d’un futur Ehpad, afin de prendre en compte les envies de la population.

Des tiers-lieux nourriciers

D’autre part, de plus en plus de structures s’emparent des problématiques agricoles et alimentaires. Ces tiers-lieux nourriciers se plaisent à cultiver le champ des possibles. Un exemple aux confins de l’Oise et de l’Aisne, à seulement une heure de Paris : l’Hermitage se présente comme un « tiers-lieu d’innovations rurales et citoyennes » et mêle agro-écologie, pôle numérique, café cantine et bien d’autres activités.

Un homme récolte des légumes dans le potager d'un tiers-lieu nourricier.

De plus en plus de tiers-lieux nourriciers voient le jour. Photo : Shutterstock.

 

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